Abdelkrim Khalki n’est pas né avec un calibre dans chaque main,
ainsi que d’aucuns auraient tendance à le laisser entendre. Non,
il est né normal, a reçu une éducation normale, au
cours d’une enfance sans problème, donc normale, elle aussi…
Ce qui le fut moins, c’est l’émission d’un chèque sans
provision. Toutes les menaces qu’on lui adressa quant à son remboursement
le poussèrent à faire en sorte, en toute candeur, que celui-ci
s’effectue grâce à l’attaque d’un bureau de poste, laquelle
était censée pourvoir au manque à gagner des comptes
chèques postaux. Ce ne fut pas une bonne idée…
Elle lui valut d’être sévèrement condamné
à la peine de cinq années de réclusion criminelle,
par la cour d’assises de la Loire-Atlantique, en date du 19 octobre 1983,
ceci en récompense du fait qu’il avait travaillé et vécu
en parfait citoyen depuis le premier jour de son arrivée en France.
Ce ne fut pas une bonne idée non plus. Pire : ce fut insupportable
pour Karim…
Je l’ai rencontré dans un état de dénuement extrême,
affectif surtout, et je crois qu’il trouva alors des raisons de se relever,
ainsi qu’il me le déclara par la suite ; de se relever de l’espèce
d’infamie dans laquelle l’avait plongé sa situation, sans que celle-ci
ne soit jamais parvenue à lui faire quitter la ligne de conduite
qu’il s’était toujours fixée : celle de la droiture d’esprit
et de l’honnêteté morale.
Ces mêmes droiture et honnêteté le conduisirent
jusqu’à la cour d’assises de Loire-Atlantique, dix-neuf jours jours
après sa libération de la maison d’arrêt de Nantes,
au terme de sa première condamnation.
