L’établissement de ces dernières prit 48 heures, ce qui correspondait exactement au délai maximal de garde à vue, par le plus pur des hasards. À terme, Patrick Thiolet et moi fûmes déférés devant un procureur et renvoyés sur-le-champ en prison, Karim devenant alors passager officiel d’un avion qui viendrait le prendre à l’aéroport de Nantes. Il en arriva effectivement un, en provenance du Bourget, en même temps que le dernier arrêté d’expulsion signé par le stakhanoviste du paraphe, Joxe, déjà cité. Sa dernière signature était la plus jolie et certifiait que Karim était immédiatement expulsé en direction du Maroc, mais que, hélas ! cette mesure ne pouvait être mise en œuvre pour la bonne raison que  « notre ami le roi » Hassan II avait fait une déclaration selon laquelle il ne saurait recevoir dans son pays un ressortissant tel que Monsieur Khalki, consécutivement à la honte qu’il faisait supporter à ses compatriotes en insultant la France amie ainsi qu’il venait de le faire. Cela tombait à pic, puisque, justement, Karim voulait bien partir n’importe où, sauf au Maroc. Joxe était sans doute désolé, et Robert déçu, mais l’alternative était des plus claires : Karim irait soit au Maroc, soit en prison. Oui, mais, qu’en était-il du premier arrêté d’expulsion vers une destination de son choix ? On n’avait plus le souvenir de s’être jamais engagé à une telle promesse ! Même Robert Broussard commençait à ressentir quelques trous de mémoire !
Karim attendit encore 6 heures qu’on veuille bien le conduire à l’avion, mais il se vit finalement jeté au fond d’un trou, au quartier d’isolement de Ploemeur dans le Morbihan, sans autre forme de procès.L’avion était un fantôme, Joxe et Broussard des magiciens...
En guise de protestation, il se lança dans une grève de la fin de 73 jours.